COEUR à COEUR

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"Sans un véritable maître, il est mieux de ne pas même  commencer l'étude du Zen".

Eihei Dogen

De nos jours ce n'est pas si difficile de rencontrer la Voie du Zen. Une fois que le dojo zen est trouvé, nous rencontrons le responsable de la pratique qui peut nous indiquer qui est le maître, qui conduit le zazen et de quelle lignée il est issu.

Si vous commencez à pratiquer et à le fréquenter régulièrement vous pourrez  même être amené  à avoir un contact personnel , privilégié. Dans un premier temps, il se peut que le maître soit aimable avec vous ; il utilise des paroles affectueuses, vous écoute avec patience, vous donne quelques bons conseils lorsque vous aborder vos problèmes ...

Ce faisant, il vous observe avec grande acuité, éprouve vos caractéristiques, vous évalue dans vos motivations et dans votre sincérité. Lorsque le maître devient pour vous un important point de repère, que vous avez trouvé en lui un ami précieux, il commence à vous éduquer.

C'est ici que commencent les difficultés et, pour le maître un travail ingrat.

Rien ne lui échappe, il vous scrute jusque dans les moindres recoins de vos intentions les plus enfouies. Il ne fait que vous dé-masquer : c'est son rôle.

Rien ne lui va presque jamais bien, et si quelque chose s'ouvre, c'est sûr qu'il ne vous complimentera pas ... Tout au plus, vous consédera-t-il un silence difficile à interpréter. Le maître inverse tout sous vos yeux, il transforme le mal en bien et le bien en mal, il brouille les pistes et ne laisse place à aucun appui, à rien qui vous conforte, à rien qui vous rassure.

Vous commencez à percevoir un goût subtil et profond.

Le maître est comme un miroir, dans lequel vous vous reflétez en continu, avec toutes vos mesquineries et vos paresses mentales.

Vous n'avez plus d'espace pour fuir.

C'est un miroir irritant que vous arriverez à détester : il ne répond jamais selon vos attentes. Il sera pour vous, parfois, comme un fou imprévisible et insaisissable.

Derrière l'apparente dureté, le maître travaille continuellement en faveur de l'élève ; il le pousse là où il n'est pas capable d'aller tout seul, le retient lorsqu'il exagère, le soutient jour et nuit, en cachette, lorsqu'il est sur le point de tomber.

Le maître ne se fatigue jamais de faire cela.

C'est lui qui est complètement au service de l'élève.

Il a confiance en vous. La relation évolue. Tous deux travaillent désormais ensemble, comme la poule qui, de l'extérieur, brise  la coquille de l'oeuf avec son bec, alors que la poussin à l'intérieur tente d'en sortir.

La rencontre réelle et le partage se produisent, vous avez confiance parce que intuitivement vous sentez où il veut vous conduire. C'est là, au profond du coeur que vous le rencontrez enfin.

I Shin den Shin,

De Coeur à Coeur.