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Sunyata Zendo
22 février 2008

Lanka - Page 4


                                       

Mahâmati interroge le Bouddha sur les vues fausses et les enseignements erronés. « La principale erreur des « perdus en ce monde », dit le Bienheureux, est qu’il ne voit pas l’univers comme issu de l’esprit lui-même. Ils ne comprennent pas non plus que le mental surgit également de l’esprit. Ils persistent à discriminer entre ceci et cela, s’attachant à la dualité des phénomènes, à l’être et au non-être.

J’enseigne que ce monde objectif, tel un rêve est une manifestation de l’esprit lui-même. J’enseigne la cessation du désir, de l’ignorance … J’enseigne la fin du monde conditionné, la cessation de la souffrance qui provient de la discrimination. Certains affirmant quelque chose à partir de rien, disent qu’il doit exister une substance liéeaux causes qui s’épanouit dans le temps, et qu’ainsi la personnalité et ce qui l’entoure ont leur origine et leur continuité dans la causalité … Mais ils ajoutent qu’après avoir existé, cela disparaît ! D’autres, aux vues destructrices et nihilistes partent de rien et n’aboutissent à rien ! …

En vérité, je te le dis, Mahâmati, tous ceux-là sont pareils au bol du moine brisé en mille morceaux qui ne remplit plus sa fonction, ils sont pareil à une semence brûlée inapte à germer à nouveau. Les éléments qui constituent la personnalité et ce qui l’entoure qu’ils considèrent comme sujet au changement sont en fait incapables de transformations ininterrompues. Ceux-là font gravement erreur, Mahâmati.

S’il est vrai que quelque chose provienne de rien et qu’il se produise une transformation à partir de causes productrices d’effet, on pourrait en dire autant des choses qui n’existent pas ; par exemple, qu’une tortue puisse développer des poils, ou que le sable donne de l’huile. Cette proposition est stérile ; elle finit par ne rien affirmer.

S’ils argumentent à ce propos il faut qu’ils le fassent à partir du principe de la cause et de l’effet, c’est-à-dire que quelque chose vient de quelque chose et non pas de rien. Aussi longtemps qu’on affirme un monde de relativité, il y a une chaîne toujours possible de causalité qui ne peut être niée en aucune circonstance, et c’est pourquoi nous ne pouvons parler de quoi que ce soit qui en vient à une fin de cessation.

Ma méthode d’instruction n’est pas basée sur des assertions et des réfutations au moyen des mots et de la logique.

Les objets en eux-mêmes ne sont ni existants ni non-existants et sont tout à fait privés de l'alternative de l'être et du non-être ; et on ne devrait y penser que de la même manière que l'on pense aux cornes d'un lièvre, d'un cheval ou d'un chameau  qui n'ont jamais existé.

Les objets sont discriminés par les ignorants qui sont aveuglés par l'assertion et à la négation, car leur intelligence n'est pas assez fine pour pénétrer dans la vérité qu'il n'y a rien d'autre que ce quevoit l'esprit lui-même. L'assertion d'une cause qui n'a pas d'existence suppose la naissance sans cause du premier élément du système mental qui se révèle ensuite n'avoir qu'une non-existence de la nature de l’illusion, du rêve.

C'est ainsi que « les perdus en ce monde » soutiennent qu’il existe un système mental non-né à l'origine qui commence à fonctionner sous conditions des six organes des sens, de forme, de lumière et de mémoire, dont le fonctionnement se poursuit un certain temps, puis s'arrête. Ceci est un exemple d'une cause qui est sans existence.

L'assertion de vues des « perdus en ce monde » à propos des éléments qui constituent la personnalité et son monde environnant qui sont non-existants, suppose l'existence d'une existence propre, d'un être, d'une âme, d'un être vivant, d'un "nourrisseur" ou d'un esprit. Ceci est un exemple de vues philosophiques qui ne sont pas vraies. C'est cette combinaison de la discrimination des éléments imaginaires de l'individualité, de leur regroupement, et le fait leur avoir donné un nom et de s'y être attachés comme à des objets, en raison de l'énergie de l'habitude qui s'est accumulée depuis des temps immémoriaux, qui créent les imaginations fausses. C'est pour cette raison que les Bodhisattvas devraient éviter toute discussion à propos des assertions et des négations fondées uniquement sur les mots et la logique.

La discrimination entre les mots se poursuit grâce à la coordination du cerveau, de la cage thoracique, du nez, de la gorge, du palais, des lèvres, de la langue et des dents. Les mots ne sont ni différents ni non-différents de la discrimination. Ils ont la discrimination pour cause ; si les mots étaient différents de la discrimination, ils ne pourraient pas l'avoir pour cause ; et ensuite et encore, si les mots n'étaient pas différents, ils ne pourraient pas êtres porteurs de sens, ni en exprimer. Les mots sont donc produits par la causalité et sont mutuellement conditionnants et mouvants.

Les mots sont des créations artificielles ; il y a des terres de Bouddha où il n'y a pas de mots.

Même en ce monde, des êtres aussi spécialisés que les fourmis ou les abeilles poursuivent très bien leurs activités sans avoir recours à des mots. Non, Mahâmati, la validité des choses est indépendante de la validité des mots.

Ni les mots ni les phrases ne peuvent exactement exprimer le sens, car les mots ne sont que de doux sons choisis de façon arbitraire pour représenter des choses, ils ne sont pas les choses elles-mêmes, et celles-ci ne sont à leur tour que des manifestations de l'esprit. La discrimination du sens se base sur une fausse imagination à propos de ces doux sons que nous appelons mots et qui dépendent du sujet quel qu'il soit qu'ils sont censés représenter, sujets qui sont à leur tour supposés exister d'eux-mêmes, le tout étant basé sur l'erreur. Les disciples doivent demeurer sur leurs gardes contre les séductions des mots et des phrases et de leurs sens illusoires, car par eux l'ignorant et le sot se font prendre. » 

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